Après avoir longtemps lutté pour s’imposer en France, les toitures végétalisées s’imposent peu à peu dans notre cher pays, tant en milieu urbain que rural. Dans les pays scandinaves, elles font partie intégrante de la culture architecturale – même les maisons traditionnelles des Vikings étaient recouvertes d’une couche de lichen et d’herbe – tandis que les Allemands ont modernisé et fait progresser ce type de toiture depuis les années 1960. Favorisés par une politique gouvernementale volontaire, 10% des toits nouvellement construits en Allemagne sont verts.
Inspirés par le bon exemple allemand, d’autres pays suivent le mouvement. La Suisse et l’Autriche exigent que tous les nouveaux toits d’appartements ou les toits à pente quasi nulle soient végétalisés. La municipalité de Tokyo a légiféré pour qu’au moins 20 % de la surface des toits d’au moins 3 000 mètres carrés soient recouverts d’un tapis vert, et même à Paris, tout nouvel immeuble qui n’a pas d’espace vert au sol doit en avoir un sur son toit.
Cet enthousiasme soulève les questions suivantes : Quels sont les avantages de ces toits verts ? Quels sont les toits qui peuvent en être équipés, et quelles sont les contraintes techniques de ce type de construction ?
Qu’est-ce que la toiture végétalisée ? En quoi consiste-t-elle ?
Toit vert, toiture végétalisée ou encore toiture végétale sont trois expressions pour un même principe, qui est de végétaliser un toit. Différents types de végétation peuvent être utilisés sur différents types de toits, mais une constante demeure, le processus de base reste le même. Sur la base d’un cadre plus robuste qu’un cadre conventionnel, les couches suivantes sont appliquées :
La couche d’imperméabilisation
Tout d’abord, une couche d’étanchéité est appliquée pour séparer la maison de la structure résidentielle. Cette isolation est constituée de deux membranes, une première étanche et une seconde ultra-résistante, pour contenir les attaques des racines.
Le substrat
Vient ensuite le substrat de culture, un mélange de terre, d’écorces, de compost végétal et de pierres poreuses. Ce mélange est destiné à créer un sol plus léger que la terre et favorise le développement des plantes. En cas d’engorgement, le poids de cette couche augmente sensiblement. Les plantes s’enracinent et vivent directement sur ce granulat. En fonction de la pente du toit et des plantes choisies, l’épaisseur de ce substrat peut varier de 10 à 30 cm.
La couche de végétation
Et enfin, la partie immergée de l’iceberg, la couche de végétation…
Selon le climat, l’environnement extérieur ou l’usage que chacun souhaite faire de son toit, celui-ci peut devenir une prairie, une steppe à lichen ou un véritable jardin arboré. Pour limiter l’entretien de la toiture, nous conseillons des plantes vivaces comme le sédum. En plus de nécessiter peu d’entretien, elles poussent rapidement et sont également plus résistantes aux températures extrêmes.
Quels sont les avantages des toits verts pour le bâtiment et ses habitants ?
Outre l’aspect esthétique, le principal avantage d’une toiture végétalisée pour les occupants du bâtiment est son excellente isolation.
Inertie thermique
L’inertie thermique générée par la végétation agit comme un climatiseur naturel. Sous un fort ensoleillement, la température de surface d’un toit conventionnel peut atteindre 65 degrés, alors que la température de la membrane sur laquelle repose le tapis végétal est d’environ 17 degrés dans les mêmes conditions. Il faut donc beaucoup moins d’énergie pour le chauffage et la climatisation. Le premier grand avantage des toits verts est donc économique !
Résilience
Dans ce contexte, la longévité des toitures végétales est également à souligner ! L’usure de nos toits est due au rayonnement solaire qui fragilise les tuiles, ainsi qu’aux intempéries qui les endommagent directement. La couche verte et son substrat isolent complètement la toiture du soleil, et les plantes se révèlent être une excellente barrière protectrice contre toutes sortes d’aléas climatiques.
Insonorisation
Cette barrière est également un absorbant acoustique très efficace. L’herbe et la terre se révèlent être des barrières sonores parfaites, isolant les résidents dans une oasis de tranquillité. C’est la solution idéale pour les personnes qui vivent à proximité d’autoroutes, de voies ferrées ou même sous une trajectoire de vol.
Quels sont les avantages de ces toits pour la ville et son environnement ?
Nous montrerons comment les toits verts peuvent également apporter des réponses à certains défis urbains, en tant que garantie de la durabilité du bâtiment et du confort de ses résidents.
Les Allemands, par exemple, ont construit des toits verts pour éviter d’augmenter la capacité de leurs égouts. Ce n’est pas une idée terrible, si l’on considère que la végétation peut permettre d’économiser 5 à 10 % des dépenses liées au traitement des eaux. Les toits verts, comme des éponges, absorbent jusqu’à 50 % de l’eau qui leur tombe dessus. Une partie de cette eau est absorbée par les plantes, une autre s’évapore dans l’air, et une autre est rejetée dans le réseau d’assainissement avec un délai, favorisant un débit plus faible et l’étalant dans le temps.
Les polluants et les pollens sont capturés par l’eau qui s’évapore continuellement. Les contaminants que les plantes collectent sont ensuite stockés dans le substrat, où ils nourrissent les plantes et les micro-organismes qui s’y développent. Les plantes énergisées émettent alors plus d’oxygène dans l’atmosphère. Ces deux phénomènes purifient considérablement l’air des zones métropolitaines, le rendant plus humide et moins pollué (l’air sec des zones polluées est responsable des irritations des yeux et des ORL de leurs habitants).
Meilleure gestion de l’eau, air plus pur, amélioration de la santé des habitants, longévité des bâtiments, les éco-toitures permettent également une intégration harmonieuse dans le paysage et apportent une touche de design écologique aux nouveaux bâtiments.
